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Limitation à 110 km/h sur autoroute en 2020 ?

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Limitation à 110 km/h sur autoroute en 2020 ?
Mis à jour le 23/08/2021.

Après neuf mois de débats et de travaux, la convention citoyenne pour le climat (CCC) a rendu son rapport à la ministre des transports Elisabeth Borne avec à la clé près de 150 mesures pour réduire “d’au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990”, le tout “dans un esprit de justice sociale”. Parmi l’ensemble des mesures on retrouvera le renforcement du malus écologique ou l’interdiction de la publicité pour des produits à fort bilan carbone. Mais une mesure a particulièrement retenu l’attention : une nouvelle limitation de vitesse sur autoroute à 110 km/h.

MAJ 29/06/2020 : Emmanuel Macron a annoncé le 29 juin 2020 vouloir abandonner l’idée de limiter la vitesse sur autoroute à 110km/h.

110 km/h sur autoroute

500 pages et une seule mesure recalée lors du vote final de la convention citoyenne : la semaine de travail à 28h. Cette convention voulue par le président de la République Emmanuel Macron a tranché à près de 60% en faveur d’une nouvelle limitation de vitesse à 110 km/h sur autoroute contre 130 km/h actuellement.

On rappellera que cette convention n’a aucune autorité et que son rôle n’est que purement consultatif. Le gouvernement peut ne pas suivre cette préconisation mais cette dernière intervient dans un moment très particulier où les préoccupations écologiques sont en forte augmentation. Pour ou contre ? Une vaste débat qui revient à un exercice périlleux d’équilibriste ou de démineur, au choix.

Oui aux 110km/h sur autoroute

Etre pour c’est invoqué un double argument d’écologie et de sécurité routière. Réduire la vitesse de 130 à 110 km/h sur autoroute réduirait les émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 15 à 25% selon les experts auditionnés lors de cette convention (la convention a choisi de communiquer sur le chiffre de 20%).

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Cette mesure permettrait aussi de réduire la gravité des accidents de la route, la pollution sonore ainsi que la facture de carburant avec une économie d’environ 1,4€ pour 100 km. La convention citoyenne avance aussi l’argument de la facilité de la mise en place de cette mesure car il suffirait de changer uniquement le Code de la route et la signalétique sur l’ensemble du réseau routier. Sur le papier, tout va bien.

Il est à noter que la ministre des Transports Elisabeth Borne, s’est déclarée “favorable personnellement” à cette mesure en interview sur RMC/BFM tv lors d’une interview avec Jean-jacques Bourdin ce lundi 22 juin 2020.

Non aux 110km/h sur autoroute

Plusieurs problèmes surviennent dés lorsque l’on confronte cette mesure au terrain.

L’acceptabilité

Le premier problème est l’acceptabilité et il y a un précédant de taille c’est le moins que l’on puisse dire. Il s’agit de la mise en place des 80km/h sur la route qui a donné les prémices, avec l’augmentation du prix des carburants, de la crise des “gilets jaunes”. Est-ce vraiment le moment de remettre le couvert alors qu’une partie croissante de la population est à fleur de peau après le confinement du Covid-19 ?

Pour beaucoup la politique de sécurité routière de la France est analogue à une machine à cash, à ce titre l’association 40 millions d’automobilistes a créé une pétition non aux 110 km/h. Une telle mesure pourrait évidemment augmenter le nombre de flash et de contraventions lorsque l’on sait le nombre de radars automatique présents sur ce réseau routier.

La convention citoyenne dans son rapport a anticipé ce problème d’acceptabilité et invoque la pédagogie et la communication pour convaincre sur l’intérêt de cette mesure. Le but n’est pas de verbaliser et de dresser des amendes d’excès de vitesse, mais bien d’améliorer nos espaces de vie à long terme, de manière juste, le tout en améliorant la sécurité sur la route.

Pour rendre acceptable une telle mesure, il convient donc de communiquer et de faire de la pédagogie sur la baisse de CO2, les économies de carburant (pour les ménages et les entreprises), le faible temps perdu (compensé par une fluidification et une vitesse moyenne maintenue voire accrue sur un parcours) et le gain en termes de limitation de l’accidentologie.

Convention Citoyenne pour le Climat

En la matière le débat est très complexe et renforce les antagonismes en les partisans de la liberté à tout prix et ceux d’un monde plus vertueux. C’est aussi un peu ville contre campagne, urbain contre périurbain. Est-ce le bon moment pour mener ce débat ? Certains argueront que oui, que le monde d’après se conçoit justement en temps de crise, d’autres diront que le bénéfice risque est un peu déséquilibré.

Un risque politique

Le coût politique pour l’exécutif pourrait être néanmoins majeur notamment à l’heure du deuxième tour des municipales du 28 juin 2020. Un référendum pourrait être une solution pour le président, associé à un remaniement ministériel. Néanmoins il y a fort à parier, que si référendum il y a, ce dernier portera sur un principe plus général, comme le fait d’inscrire l’écocide dans la Constitution française et non sur un panel de mesure à la manière des votations suisse.

Le véhicule individuel en temps de COVID

L’autre problème important est la somme des messages contradictoires envoyés au citoyen et usagers de la route. D’un côté la situation avec l’épidémie du coronavirus et de l’autre le fait de vouloir évacuer la voiture des centres-villes, de réduire la vitesse et de privilégier les transports collectifs.

La voiture individuelle, est de fait, le meilleur moyen de respecter les distanciations physiques avec les autres (d’un autre ménage), a fortiori en ville où la densité de population est par nature la plus critique.

L’impact économique

Enfin et encore en rapport aux conséquences de la situation sanitaire, l’autre question est l’impact économique d’une telle mesure. En mars 2018, le Commissariat général au Développement durable avait réalisé une étude sur le coût d’une telle mesure avec une perte de 550 millions d’euros à la clé. Gageons qu’en ces temps critiques de crise économique et sociale, l’argument trouvera probablement un écho auprès du gouvernement avant ou après le futur probable remaniement.

L’abaissement des VMA de 20 km/h sur le réseau autoroutier a un bilan socioéconomique très négatif de l’ordre de -550 millions d’euros (M€), dû à la perte de temps
occasionnée (- 1 150 M€) qui n’est pas compensée par les gains en accidentalité (150 M€) et les
économies de carburant (360 M€). L’impact en matière d’accidentalité est inférieur à celui
correspondant à l’économie de carburant, du fait d’un taux d’accident déjà très faible sur les
autoroutes, et de gains de consommations de carburant plus que proportionnels à la baisse de
vitesse. Par ailleurs, le report de trafic vers les réseaux routiers national et départemental sur
lesquels l’accidentalité est plus élevée vient grever les gains escomptés. Toutefois cet effet
indirect n’est pas dimensionnant (-20 M€). La mesure s’accompagne par ailleurs d’une perte pour
les concessionnaires d’autoroute de 70 M€, du fait du report de trafic.

Commissariat général au Développement durable – Mars 2018

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Tanguy
Tanguy
3 années il y a

Quid des voitures électriques ou à pile à combustible? Elles ne polluent pas donc devraient pouvoir rouler encore À 130